JEAN BARDET DANS LA CLASSE !

 

Bastien : Est-ce que l'on vient souvent vous inspecter ?

- On ne sait pas bien... Ils ne disent pas toujours quand ils viennent. Et puis je n'aime pas beaucoup être inspecté.... Je n'ai jamais aimé cela. Tu comprends ? Tu sais tout à l'heure, on a parlé des sens et du goût notamment, mais c'est général. Toi tu n'as pas le même goût, le même palais que... Louise, que Jennifer, ou bien Céline ou bien encore Romain. Chacun a son palais. Alors, quand une personne vient nous inspecter, elle peut très bien aimer, beaucoup, ou aimer un peu moins... Voilà. Quand plusieurs personnes se trouvent réunies autour d'une table pour manger une blanquette par exemple, il y a en a qui la trouvent très bonne et d'autres qui la trouvent moyenne.

Stéphane : Quel est le premier plat que vous avez su réaliser ?

- Eh bien, un oeuf, un oeuf au plat. (rires des enfants). Est-ce que quelqu'un sait faire des oeufs au plat ? Je vais vous dire comment y arriver... Pour faire un oeuf au plat, il faut un petit plat à oreilles en porcelaine ou une poêle. Vous mettez dans cette poêle ou dans ce petit plat un petit morceau de beurre . Vous le faites fondre doucement, il faut presque qu'il reste froid. Vous salez le beurre, vous poivrez et vous allez casser à côté deux oeufs sur une petite assiette. Puis vous allez glisser les oeufs dans le plat. Vous mettrez sur le coin du feu pas trop fort du tout. La partie blanche des oeufs va coaguler. Cela va coaguler doucement. Si c'était trop fort, cela grillerait, cela ne serait pas bon. Donc il faut les cuisiner doucement, doucement. Vous allez voir ce blanc qui est translucide, qui est brillant devenir blanc opaque et là c'est fini ! Votre jaune va rester bien liquide... Tiens, si vous voulez faire plaisir à votre maman, vous allez mettre du fromage blanc ou du yaourt par-dessus, et puis, vous mettrez aussi, vous savez, des petits oreillons d'abricots et vous apporterez cela à votre maman en disant: "tiens maman , je t'ai fait un oeuf au plat..." Elle va être surprise !

 

Gaël : Est-ce que vous recevez des personnalités dans votre restaurant et si oui, pouvez-vous nous donner quelques noms ?

- Ah! Tous les jours, mon pauvre ! Cette nuit, j'ai mangé à deux heures du matin avec Eddy Mitchell. Vous ne connaissez pas ce chanteur ?... Michel Sapin, avant-hier..., c'était un ministre. Tu sais, il y a beaucoup de gens qui viennent chez nous, beaucoup de personnalités parce que... parce qu'on est un peu connu, parce que la maison est belle. Les personnalités qui viennent à Tours, généralement... on leur donne à manger. Il y a aussi beaucoup d'acteurs, des gens de la presse, du spectacle, du cinéma. J'ai mangé aussi, avant-hier avec un très grand peintre. Mais en fait, tous les clients sont des personnalités : un client qui vient manger chez nous pour la première fois en ayant cassé sa tirelire , c'est une personnalité aussi.

Romain : Quelle est votre spécialité culinaire ?

- Je n'en ai pas. Un cuisinier doit savoir tout faire. On n'a pas de spécialités. Dans le temps, il y avait des cuisinières dans certaines maisons qui avaient des spécialités : l'une faisait très bien le civet, une autre le pot au feu, mais maintenant, c'est fini.

Anthony Festoc : Pourquoi êtes-vous habillé en blanc et pas en couleur ?

- Je ne sais pas vraiment. Cela a toujours été comme ça. Sûrement une question de propreté, d'hygiène, de blancheur... On voit mieux les taches sur le blanc... Si l'on est sale, cela se voit tout de suite. C'est un peu comme un chirurgien, ou comme un peintre. Un jour, j'étais en blanc sur un bateau de croisière et je portais pantalon blanc et veste blanche. Je me promenais dans un couloir. Une personne m'aperçoit et me dit: "Docteur, j'ai mal dormi cette nuit, est-ce que vous n'auriez rien pour me soigner ?" Tu vois, il n'y a pas que les cuisiniers qui ont des habits tout blancs !

 

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